En décembre 1943, les troupes allemandes, harcelées par les partisans, encerclent le village de Kalavrita, dans le Péloponnèse. Elles vont y fusiller tous les hommes de 16 à 70 ans. En 1979, Charlotte Delbo, ancienne secrétaire de Louis Jouvet, militante communiste et surtout rescapée d’Auschwitz, visite le village. Elle en tire une nouvelle bouleversante, qui met en exergue tant l’implacable froideur de la logique militaire que la grande noblesse de ces paysannes acharnées à rendre à leurs morts un dernier hommage.
Kalavrita des mille Antigone
Finaliste du Prix Lire dans le noir 2014
On connaît l’histoire d’Antigone qui, malgré l’interdit, veut donner une sépulture à son frère. Ici, ce sont mille femmes d’un village du Péloponnèse en Grèce qui, en réponse au massacre perpétré par les nazis, vont ériger de leurs mains un mausolée à la mémoire de leurs hommes.
Philippe Campiche se confronte à une oeuvre dense, au sujet foisonnant d’émotions que referme la pièce de Charlotte Delbo. Cette dernière, écrivain et rescapée d’Auschwitz, visite le village de Kalavrita en 1982. Elle en tire un récit bouleversant qui met en exergue l’implacable froideur de la logique militaire, mais surtout la grande noblesse de ces paysannes acharnées à donner à leurs morts un dernier hommage. On parle certes d’un massacre, et de l’indicible douleur qu’il engendre, mais aussi de la vie, des enfants à nourrir, des bêtes à soigner, des morts à enterrer comme il se doit afin que les vivants puissent continuer leur chemin. Le récit de ces femmes qui affrontent, assument et s’élèvent au-dessus du désespoir pour témoigner, donne à ce texte le souffle d’une épopée.